Du saut à ski au pied du podium du Tour: qui est Primoz Roglic?
S’il a glissé du podium samedi lors d’un chrono où il est passé à côté de son sujet, le Slovène restera comme l’une des principales révélations de ce Tour de France. Quatrième du classement final, le coureur de chez LottoNL-Jumbo est entré dans une nouvelle dimension.
- Publié le 30-07-2018 à 06h57
- Mis à jour le 30-07-2018 à 14h56
S’il a glissé du podium samedi lors d’un chrono où il est passé à côté de son sujet, le Slovène restera comme l’une des principales révélations de ce Tour de France. Quatrième du classement final, le coureur de chez LottoNL-Jumbo est entré dans une nouvelle dimension.
Son passage en Word Tour : recruté par manque de moyens
Après trois saisons passées au sein de l’équipe continentale slovène Adria Mobil, où il s’était fait remarquer en remportant le Tour d’Azerbaïdjan ou en prenant la 15e place de son Tour national, Roglic s’engage en 2016 au sein de la formation WorldTour LottoNL-Jumbo. Un passage à l’échelon WorldTour plutôt cocasse. “Son nom m’avait été glissé à l’oreille par plusieurs contacts mais son CV me laissait un peu circonspect, raconte dans un sourire Frans Maassen, l’un des directeurs sportifs de la formation néerlandaise. Il n’avait pas de véritable passé dans le cyclisme et j’ai donc pensé, dans un premier temps, que ce n’était pas une recrue intéressante pour nous. J’ai tout de même suivi ses résultats en fin de saison et ai compris qu’il avait quelque chose de spécial. Comme nous n’avions plus énormément d’argent dans les caisses cette année-là, je me suis dit que nous n’avions pas grand-chose à perdre en tentant le coup. Nous lui avons passé une batterie de tests physiques et lorsque nous avons analysé ses résultats, nous nous sommes empressés de le faire signer. Ses valeurs étaient exceptionnelles !”
Ses ambitions initiales : arrivé pour une étape, reparti avec une 4e place
Au Grand Départ du Tour en Vendée, le staff de la formation LottoNL-Jumbo nous avait surpris lorsque nous avions sondé les ambitions de l’équipe néerlandaise. “Kruijswijk sera notre leader pour le classement général, Roglic se profilera, pour sa part, en chasseur d’étape.” Un discours qui n’avait rien d’un grand bluff mais dans lequel il fallait plutôt lire une volonté de protéger le Slovène qui n’avait encore jamais abordé un grand tour dans la perspective d’y viser un classement général. Sauf que l’ancien sauteur à ski est un homme plutôt pressé et déterminé. Au printemps, lorsqu’un de nos collègues néerlandais avait rendu visite à Roglic chez lui, en Slovénie, celui-ci n’avait pas cherché à masquer ses ambitions. “Je prendrai le départ du Tour pour tenter d’y accrocher un Top 10, c’est comme cela que j’apprendrai le plus rapidement.” Un appétit qui n’a jamais fait naître la moindre rivalité au sein du Team LottoNL-Jumbo, sa relation avec Kruijswijk (5e du classement final) demeurant excellente.
Son parcours : il a vendu sa moto pour un vélo
Si le parcours de Primoz Roglic a déjà noirci les pages de tous les journaux depuis le début de ce Tour de France, la trajectoire du Slovène aurait fait l’objet de quelques approximations. Ainsi, si la légende veut que c’est une chute sur le tremplin de Planica (le plus grand du monde avec ses 215 mètres) en 2007 qui aurait initié sa reconversion vers le cyclisme, le Slovène dément. “Il n’y a pas de rapport direct puisque j’ai même réalisé ma meilleure performance après celle-ci.” Si le vainqueur du dernier Tour du Pays basque est passé au cyclisme c’est parce qu’il avait compris que son talent sur les lattes ne lui permettrait pas d’atteindre les sommets dont il rêvait. “Alors, j’ai revendu ma moto pour m’acheter un vélo. Il était temps que j’arrête d’emprunter celui de mes copains…”
Son avenir : sous pavillon néerlandais jusqu'en 2020
Si la 4e place de Primoz Roglic sur ce 105e Tour de France le fait entrer dans une nouvelle galaxie, le Slovène ne pourra pas immédiatement monétiser cette performance. Soucieuse de conserver ses deux pépites pour les prochaines années, la formation LottoNL-Jumbo (l’un des plus petits budgets du WorldTour) avait en effet assuré ses arrières en proposant une prolongation de contrat à son sprinter Dylan Groenewegen (vainqueur de deux étapes sur ce Tour) ainsi qu’à Roglic. Plutôt bien vu !
Sa personnalité : "Un gars simple et abordable"
Équipier de Roglic depuis l’arrivée du Slovène au sein du Team LottoNL-Jumbo en 2016, Maarten Wynants a très vite été charmé par la personnalité du coureur de Kisovec. “Primosz est un gars d’une extrême simplicité, très abordable, commente le Belge de la formation néerlandaise. Il est d’un naturel plutôt taiseux mais n’en demeure pas moins quelqu’un de très sociable. Je ne sais pas si c’est son passé de sauteur à ski qui peut expliquer cela, mais il fait toujours montre d’un impressionnant sang-froid, en toutes circonstances. Lorsqu’il a débarqué dans l’équipe, tout le monde a compris assez vite qu’il disposait d’un énorme potentiel. Son début de saison laissait augurer de grandes promesses et je savais qu’il était capable de réaliser de belles choses sur ce Tour, mais de là à l’imaginer finir au pied du podium… J’avoue qu’il m’a surpris par sa consistance sur les trois semaines de course…”